Vis ma vie d’éleveur Matthieu

éleveur de vaches allaitantes dans la Loire

Matthieu, 33 ans, s’est installé en 2006 dans la ferme familiale avec sa mère : dans la famille, on élève des vaches Charolaises depuis 4 générations ! Avant de s’installer, il a obtenu deux BTS et un diplôme d’ingénieur agronome. Il est aujourd’hui marié et l’heureux papa d’une petite fille d'un an. Sa ferme se situe à cheval entre les départements de la Loire et de la Saône-et-Loire. Il y élève 85 vaches allaitantes, qui donnent naissance à des veaux dont une partie est engraissée sur place.

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Juin 2019

Les éleveurs sont aussi es cultivateurs !

Je vais aborder une autre facette du métier d’éleveur qui est celle de cultivateur. Je cultive de l’herbe, des céréales (blé, orge et triticale), du maïs et des mélanges d’espèces (féveroles, pois fourrager d’hiver, vesce commune…). Tout cela sert à nourrir mes animaux.
La première récolte, je l’ai faite en ensilage. C’est un mode de conservation par voie humide et anaérobie (fermenté). L’objectif est de récolter un fourrage riche en sucre et en protéine, donc jeune à une période où la météo ne permet pas de faire de foin.
Sur une parcelle en mélange d’espèces ensilé, j’ai semé un maïs selon une méthode particulière appelée « strip-till ». Le principe est de ne travailler le sol sur 20 cm de profondeur uniquement à l’endroit où est déposée la semence pour faciliter son enracinement. Le maïs est semé avec un intervalle entre rang de 75 cm. Du coup, tous les 75 cm, il n’y a qu’une dizaine de centimètres de bouleversé. L’organisation naturelle du sol est donc préservée. C’est la première fois que j’utilise cette méthode et la levée (stade clé pour le maïs) est réussie.
Je développerai plus ma façon de cultiver dans l’été car il y a énormément à dire!

Mai 2019

Mes haies produisent également du bois pour la litière de mes animaux et mon chauffage

Dès le mois de Février, j’ai commencé à préparer l’hiver prochain. En effet, comme je l’ai expliqué précédemment, j’utilise dorénavant le bois produit par mes haies pour faire des plaquettes de bois. Le but est des les utiliser en litière pour réduire l’utilisation de la paille car je ne suis pas autonome et en achète pour 2 000 à 3 000 €/an environ. La paille est le résidus après la moisson des céréales (tiges et feuilles). C’est un matériau sec conditionné en bottes rondes ou rectangulaires (plus pratique pour le transport) que l’on utilise dans les ferme d’élevage en litière pour nos animaux. De nouveaux débouchés apparaissent (comme des chaufferies collectives) faisant augmenter la valeur de ce produit. J’ai donc tout intérêt à trouver des alternatives pour réduire ma dépendance.
C’est dans ce cadre qu’interviennent les plaquettes. J’ai donc fait couper des haies, élaguer des arbres… cet hiver, puis, en Mai j’ai fait broyer ces tas de branches. Au préalable, j’ai récupéré le bois pour mon chauffage personnel. Le broyage est effectué par une coopérative (afin de mutualiser le faramineux coût du matériel). Il y a un tracteur de très forte puissance qui actionne le broyeur et une pince pour approvisionner ce-dernier. C’est vraiment impressionnant!!
J’ai récupéré comme cela environ 120 m3 de plaquettes correspondant à 25 t de paille soit une valeur de 2 500€. C’est parfait!
Je souhaite faire un chantier comme celui-ci tous les ans. De ce fait, je fais un plan de gestion de mes haies pour effectuer une taille tous les 10-15 ans. D’où la plantation d’autres haies l’hiver 2018-2019. Les haies font dorénavant parties des productions à valeur économique de la ferme.

Mars 2019

Il fait beau : tout le monde dehors !

vaches allaitantes charolaises haies pâturage

Depuis le 15 Février il fait un temps de vacancier qui me va bien! Je peux travailler dehors dans des conditions idéales. J’ai mis de l’engrais sur mes céréales pour les réveiller et les faire démarrer. J’ai également fait l’entretien de mes clôtures pour préparer la sortie des premiers animaux. D’ailleurs, j’ai sorti mes premiers animaux (des femelles âgées d’un an et demi) le 22 Février. C’est un record, c’est très tôt ! Mais dorénavant, lorsque les conditions sont réunies je pense qu’il ne faut pas hésiter à lâcher les animaux. Ils ne peuvent pas nous coûter moins chers que dehors à brouter de l’herbe fraîche.

Ce mois-ci, je suis à l’initiative de la plantation de près de 2 km de haie sur la ferme. Un programme de plantation régional est porté par la fédération des chasseurs du département. Forcément, j’en ai profité. Du coup, elle est réalisée par des lycéens d’une école d’agriculture voisine. C’est un joli coup de publicité pour l’agriculture. Mes objectifs sont :

– remettre de la biodiversité dans le paysage autour de mes parcelles cultivées pour redonner de la vie au paysage

– proposer un habitat diversifié à la faune sauvage

– faire un micro climat protecteur autour de mes parcelles cultivées. Protecteur pour les cultures et les vaches.

– produire du bois pour l’utiliser en plaquette à la place de la paille achetée

J’espère seulement qu’il n’y aura pas une grosse sécheresse cet été.

Février

En pleine réflexion sur les projets futurs de la ferme

Malgré le travail d’astreinte quotidien lié à la présence des animaux en bâtiments, la période hivernale est une période propice à la réflexion des projets. Le gros questionnement du moment concerne la gestion de l’entreprise lorsque ma mère partira à la retraite. Est ce que je garde le même outil de travail, auquel cas il me faut trouver de la main d’oeuvre supplémentaire ? Quelle main d’oeuvre : associé, salarié, stagiaire … ? Est ce que je continue la production de viande bovine (au vu du contexte actuel) ? Est ce que je dois modifier ma façon de produire : encore plus « agro-écologique » mais les pratiques sont peu éprouvées et extrêmement techniques, moins «  agro-écologique » plus rentable à court terme mais pas vraiment en phase avec la demande sociale ? Quelle politique de renouvellement du matériel ? Conserver des machines récentes productives et sûres mais extrêmement chères ou bien laisser vieillir et changer au cas par cas lorsque les machines cassent ? Est ce que je construit un hangar pour gagner en confort de travail ?

Beaucoup de ces questions stratégiques méritent une grande réflexion et se traitent sur plusieurs années. En illustration, un de mes outils de travail pour la réflexion sur ce projet !

Décembre - Janvier 2019

Bien que terminée, la sécheresse continue à faire des dégâts ...

les vêlages battent leur plein chez Matthieu

La dure période des vêlages bat son plein. Je dis « dure » car la santé des nouveaux nés est bien fragile cette année. Il y a plusieurs raisons à cela.

La première c’est toujours cette sécheresse de l’automne. Qu’est ce qu’elle a eu comme répercussions indirectes et coûteuses!! En effet, les repousses d’herbe de fin d’année (d’une année normale!!) permettent aux mères de se refaire une santé avant la période hivernale. Or, cette année ça n’a pas été le cas. Du coup les vaches (bien que paraissant en bonne santé) sont en fait trop carencées en oligo-éléments et en minéraux. Anticipant cela, j’ai complémenté au plus tôt mes vaches mais il y a tout de même un délai de 2 à 3 mois avant que cela se ressente. En attendant les veaux ont une immunité en berne! Les veaux naissent sans immunité. Elle leur est transmise par le lait de leur mère. Ce lait doit donc être riche en anticorps et en oligo-élements. Fort heureusement, j’ai des fourrage de qualité et en quantité me permettant de nourrir correctement mes animaux.

La seconde est liée à l’absence de paille sur le marché (lié aussi à la sécheresse…). La paille (résidus des céréales après moisson) nous sert pour faire la litière des animaux. Comme il y en a peu, je l’économise au maximum pour passer l’hiver or, je n’en mais pas suffisamment. La litière est donc trop humide favorisant les développement des pathogènes.

Cette situation étant difficile à gérer, j’ai décidé pour l’hiver prochain de faire 2 périodes de vêlages séparées de 2 mois. Actuellement, j’ai 3/4 de mes naissances du 15 Novembre au 15 Janvier. J’envisage d’en avoir la moitié entre le 15 Octobre et le 15 Décembre et l’autre moitié à partir du 15 Février. Le but est de couper le cycle des agents pathogènes afin de limiter l’apparition d’épidémie. Mais aussi de pouvoir passer des fêtes de fin d’année en famille plus tranquillement…

Octobre 2018

La sécheresse passée, l'heure du bilan !

Je disais, dans l’article d’un mois précèdent, que j’allais lister les actions à mettre en place pour être plus résilient face à des épisodes climatiques aussi extrême que la sécheresse que nous continuons de traverser. Pour en finir avec cet événement climatique, je constate qu’elle s’est officiellement terminée le 29 Octobre. Une sécheresse de 4 mois en fin d’été c’est du jamais vu chez moi ! C’est un épisode terrible pour la nature et ceux qui travaillent avec. D’où l’importance d’en tirer les enseignements pour ne plus être autant exposé.

Le pâturage tournant dynamique mis en place au printemps m’a beaucoup aidé parce que j’ai récolté plus de fourrage. Je pense pouvoir passer l’hiver sans problème.

J’ai également implanté des couverts à base de plantes plus résistantes au sec que l’herbe, dans lesquelles j’ai pu nourrir une trentaine d’animaux au mois d’Août. J’en ai récolté aussi durant ce mois d’Octobre (peu mais il ne faut pas être trop exigeant cette année!!) L’abreuvement des animaux s’est bien passé. En effet, j’ai un accès à l’eau du réseau sur l’ensemble des mes parcelles pâturées et c’est une vraie sécurité.

Cependant, l’accès aux rivières peut être problématique car les animaux peuvent souiller et divaguer dans le lit lorsque le niveau est très bas. Ce fut le cas cette année, bien sûr. A ma demande, le syndicat de gestion d’une rivière voisine a aménagé un abreuvoir. C’est pour moi, un bel exemple de cohabitation entre l’agriculture et les dégradations involontaires que peuvent produire nos animaux et les agents de gestion des ressources en eau.

 

Je vais cependant modifier quelques éléments dans la gestion de mes pâtures. Par exemple, je vais essayer d’implanter sur 10 à 20% des surfaces en pâturage tournant dynamique, un mélange de plantes très résistantes à la sécheresse sur lesquelles je pourrais laisser les animaux plus longtemps pour préserver les autres surfaces…

Pour conclure, je constate malgré cet épisode extrême, qu’il y a tout de même des pratiques agronomiques permettant de résister et de passer le cap. C’est très encourageant pour la suite

Septembre 2018

On attend toujours la pluie ...

Quelle sécheresse terrible pour ce mois normalement si beau et humide. Théoriquement, nous refaisons des stocks et les animaux se requinquent pour l’hiver avec une herbe fraîche et riche. Chez moi, la fin de l’été correspond à un second printemps et redonne un souffle à la nature. Mais cette année, rien!!! Pour donner une idée à l’ampleur du phénomène météo qui dure depuis le mois de juillet, j’ai fait quelques petits calculs, basés sur les données météos locales dont je dispose.

Quelle chaleur! Par exemple, durant les mois de Juillet et Août, nous avons eu 26 jours durant lesquels la température maxi était supérieur à 30°C. Au dessus de 25°C, l’herbe ne pousse plus. Au dessus de 30°C, le maïs ne pousse plus non plus (ou les plantes plus adaptées à des températures élevées). De plus, avec des températures aussi élevées, le besoin en eau des plantes augmente. C’est comme nous avec la transpiration. Or, il n’y a pas eu de pluie.

Pour illustrer, avec des températures supérieures à 30°C, j’estime à 8 mm le besoin journalier des plantes. Ce qui nous donne 26 jours x 8 mm = 210 mm d’eau (sans compter les 30 autres journées de ces 2 mois!!!). Or au total sur ces 2 mois, il est tombé 80 mm de pluie. Et cela c’est prolongé en Septembre, certes un mois moins chaud mais aussi beaucoup moins arrosé (6 mm!!).

En résumé, le déficit hydrique de cet été a duré 3 mois (pour l’instant!) dont le stratégique mois de Septembre, au lieu de 30 à 45 jours maximum une année plus normale.

 

La conséquence immédiate est l’absence totale de pousse de l’herbe pendant 3 mois et une pousse très réduite des plantes plus adaptées aux fortes températures comme le maïs. Mais, la chaleur était telle qu’elle a brûlé certaine plante (les ronces par exemple, ou même les maïs…). Du coup les animaux n’ont plus de quoi se nourrir dans les prés. Il faut donc les nourrir avec les fourrages normalement récoltés pour l’alimentation hivernale.

Juillet - Août 2018

Les mois tracteur !!

Matthieu bovin viande

En effet, en Juillet se terminent les foins et se font les récoltes de céréales (grains pour l’alimentation des animaux et les tiges : paille pour la litière des animaux l’hiver). Je fais également des semis de mélanges de plantes (à la place des céréales) pour nourrir mon sol, mais également (et éventuellement) pour mes animaux si l’été est trop sec.

Au niveau climatique, le mois de Juillet a été parfait : chaud (mais pas trop), venteux et surtout sec pendant de longues périodes. Du coup les récoltes ont été réalisées sereinement.

Les foins ont été corrects en qualité et en quantité alors que les céréales ont été abimées par les pluies de Juin. Une période de pluie abondante lors de la floraison des céréales entraine une mauvaise fécondation mais aussi une apparition de maladie sur les grains.

Autant Juillet a été un joli mois autant Août a été dévastateur avec des températures extrêmement élevées. Avec un maximum supérieur à 37°C et un fort manque d’eau, rien n’a résisté au désèchement. L’herbe est grillée depuis longtemps, le maïs n’est pas grillé mais a fait peu de fleurs. Seul résiste difficilement les semis post-moissons. Heureusement que j’ai ces couverts végétaux dans lesquelles j’ai pu mettre des vaches avec de jeunes veaux.

Cependant, le manque d’eau persiste pouvant devenir problématique pour la fin de campagne de pâturage. Les risques sont d’avoir des animaux qui maigrissent trop demandant une alimentation abondante l’hiver pour récupérer des forces et de puiser dans les stocks dès l’été (normalement utilisés l’hiver).

Avec ces étés devenant de plus en plus chaud et sec, je vais devoir anticiper, m’adapter pour ne plus trop subir ces aléas climatiques. Pour moi, le réchauffement climatique est une réalité avec laquelle je dois composer.

J’aborderai plus tard les solutions que j’envisage de mettre en place.

Juin 2018

Le traditionnel mois des foins

Les foins sont un mode de conservation de l’herbe par séchage au soleil. Cela permet d’obtenir un produit stable qui se conserve très bien pendant plusieurs mois ou années si besoin. C’est le fourrage de base chez moi et chez beaucoup de mes collègues.

Mais, cette année, les 15 premiers jours du mois ont été la période la plus humide de l’année!! Avec pour conséquence des récoltes impossibles mais également des prairies abimées par les pieds des animaux. Les vaches adultes pèsent entre 650 et 800 kg. De ce fait, lorsque le sol est mou (à cause d’un excès d’eau par exemple) elles s’enfoncent et détruisent et souillent en grande partie l’herbe se trouvant sous leurs sabots. Cela a deux effets : il y a moins de bonne herbe à pâturer dans l’immédiat (herbe couverte de boue) mais également à plus long terme car les plantes disparaissent.

J’ai été impacté surtout sur une parcelle en pâturage tournant. Il y a deux techniques pour limiter l’effet du piétinement. Soit on fait changer les animaux des parcelles très vite en les laissant maximum 24h par parcelle soit on condamne une parcelle sur laquelle on laisse les animaux mais en leur apportant à manger (du foin) en attendant que le sol ait absorbé l’eau.

La gestion de l’herbe est le point le plus technique et le plus complexe au niveau de ma ferme.

Mai 2018

Fin des vêlages : l'heure des bilans

Le mois de Mai est le plus joli mois de l’année… théoriquement! Au niveau de la météo ce n’est pas le cas cette année du fait des précipitations très importantes mais nécessaires…

Mais au niveau professionnel, c’est bien le cas. En effet, j’ai terminé le lâché des animaux qui marque la fin officielle de l’hiver 2017-2018. J’ai également eu le dernier vêlage de la campagne et j’ai fait mes premières récoltes dans de bonnes conditions.

Revenons sur les naissances. Ce dernier petit veau est né au pré sans intervention humaine, conditions idéales pour commencer la vie. Voici donc le moment de faire le bilan de cette campagne de vêlages.

J’ai mis 90 femelles à la reproduction (90% au taureau et 10% en insémination artificielle). J’ai eu 82 femelles gestantes qui ont donné naissance à 83 veaux (une seule paire de jumeau). 3 veaux sont morts lors du vêlage : un que j’ai mal surveillé, je suis arrivé trop tard pour aider la vache, un que la vache a fait seule mais né mort et un autre né mort sans raison apparente ; un est mort à l’âge d’un mois et demi d’une pneumonie mal soignée.

Pour être complet, la fin « officielle » d’une campagne est le sevrage : lorsqu’on sépare les veaux de leur mère, ils sont suffisamment âgés pour être autonomes dans l’alimentation. C’est en Octobre environ.

De ces données, on en fait des ratios pour mesurer et comparer la performance technique de nos élevages ou suivre nos résultats dans le temps :

– la productivité numérique : nombre de veaux sevrés/nombre d’animaux mis à la reproduction : 90/79 = 88%

– la mortalité : nombre de veaux morts / nombre de veaux nés : (83-79)/83 = 5%

Le taux de mortalité est faible, donc bon (norme comprise entre 5 et 10%), la productivité numérique est un peu faible parce que j’ai eu trop de femelles non gestantes surtout des primipares (femelles pour la premières fois mises à la reproduction). Ce sont les derniers effets négatifs des récoltes de 2016: les primipares n’ont pas eu la qualité de fourrage nécessaire pour que le cycle de reproduction fonctionne correctement. Cela combiné avec un hiver peu lumineux et une période de grand froid a eu pour effet de stopper complètement les cycles sexuels… C’est une réelle difficulté technique du métier d’éleveur. Comme il y a 9 mois de gestation, une erreur technique ou un aléa climatique peut avoir des conséquences négatives sur une longue période.

Mais pour conclure, mes petits veaux se portent bien.

Avril 2018

Un mois d'avril bien rempli !

Le mois d’Avril est toujours un mois épuisant. Je surveille les animaux en pâture pour m’assurer que la transition alimentaire se passe dans de bonnes conditions. Passer du foin sec à de l’herbe verte, riche et humide nécessite une modification des micro-organismes de la panse.

Comme le temps le permet, je continue de lâcher des animaux. Je fais cela en fin de matinée une fois l’ingestion du repas du matin terminée. Faire monter des petits veaux dans le camion est bien souvent une épreuve de sport car ils sont effrayés à l’idée de marcher sur autre chose que de la paille! Mais c’est tellement agréable de les voir courir sitôt descendus du camion. Parfois ils foncent sur les clôtures…

Qui dit lâcher des animaux, dit également préparation des animaux. C’est faire les vaccins nécessaires. Tous mes animaux ont un vaccin pour prévenir un développement anormal de mauvaises bactéries dans la panse : maladie appelée entérotoxémie. Les petits veaux ont aussi un vaccin contre les infections respiratoires. Les bovins sont très sensibles aux problèmes respiratoires. C’est l’espèce d’élevage qui a la plus faible proportion de poumon par rapport à son poids. La médecine préventive est primordiale chez moi. Et enfin les vaches en reproduction ont un vaccin contre une maladie correspondant au SIDA chez les humains : la BVD. C’est une maladie touchant le système immunitaire rendant les animaux faibles, malades les faisant tôt ou tard mourir.

A coté de cela, je distribue les rations aux animaux toujours en bâtiment, parfois faire un vêlage car il me reste des vaches en fin de gestation.

Et pour terminer dans les activités du mois d’Avril, il y a des travaux des champs. Notamment les soins aux cultures de céréales. Mais aussi des travaux de clôtures… Bref, un mois bien rempli

Mars 2018

L'excès d'eau retarde le début du pâturage

Le mois a commencé très fort avec la température la plus basse de l’hiver : -15°C ! Elle n’a pas occasionné de dégât aux cultures, mais la vague de froid a retardé le démarrage de la végétation. Ce froid, combiné avec un hiver extrêmement humide, aura pour effet de retarder la mise à l’herbe des animaux. En effet, l’excès d’eau rend les sols trop mous. Les animaux s’enfoncent et abîment les plantes se trouvant sur celui-ci. Le risque est de compromettre toute la saison de pâturage !! Soit 8 mois sur les 12 de l’année !!! Du coup, je ne prends pas le risque d’abîmer mes sols. Donc, je garde mes animaux en bâtiment et je puise dans mes stocks d’aliments de telle manière que je n’en aurai certainement plus à la fin de la campagne. Ce n’est pas une situation très confortable car je me retrouve complètement dépendant de la prochaine campagne de récolte. Il me faudra anticiper…

Février 2018

Des voyages et des découvertes

Habituellement, février est la dernière grosse étape de l’hiver. Il peut faire des froids très intenses et lorsqu’il y a des vêlages, ce n’est pas très agréable !! Cependant, février 2018 eut une toute autre saveur pour moi. En début de mois, je suis parti 15 jours en Argentine avec mon épouse. Ce fut un voyage « agro-touristique » extrêmement enrichissant avec une météo digne d’un mois d’août. Et pour finir le mois, je suis allé au Salon International de l’Agriculture pour la première fois afin de participer à la présentation de la plateforme «Devenir Eleveur». J’ai découvert l’immensité de cette vitrine «agricolo-gastronomique» française. J’ai également fait la connaissance des 2 animatrices de la plateforme.

Malgré ces activités, j’ai tout de même eu une dizaine de naissances la semaine de mon retour d’Argentine et une vague de froid sur la fin du mois…

Janvier 2018

Une surveillance 24/24 depuis mon smartphone

En janvier matthieu a installé une caméra de surveillance dans son bâtiment pour surveiller les vêlages

Le fait marquant du mois de janvier est l’acquisition d’un système de vidéo surveillance afin d’observer les vaches lorsqu’elles mettent bas. Il se compose d’une caméra tournant à 360°, d’un projecteur pour voir la nuit. Le tout est fixé sur un rail dans le but de traverser le bâtiment dans lequel se trouvent les animaux. L’ensemble du bâtiment est ainsi couvert. Mais le plus intéressant est le fait que la camera est reliée à internet permettant d’avoir accès aux images et aux commandes de la caméra partout dans le monde (à condition d’avoir un accès internet bien sûr !). Pour cela, j’ai une appli sur mon smartphone.
Concrètement, je peux surveiller mes animaux la nuit en toute tranquillité et surtout sans sortir et prendre la voiture. C’est un confort de travail non négligeable surtout en période de vêlages intense. A titre d’exemple, le mois précédant l’installation, je me suis levé une dizaine de fois en plein milieu de la nuit pour aller voir mes animaux. Depuis l’installation de la caméra, je ne suis sorti qu’une seule fois pour faire un vêlage. Quel bonheur !!

Décembre 2017

De nombreuses naissances

En décembre Matthieu leveur de vaches charolaises a eu de nombreuses naissances de petits veaux. Métier, passion, éleveur allaitant

Le mois de décembre est le mois durant lequel j’ai le plus de naissances. Je prépare donc mes vaches à cette étape clé de la vie des veaux. Plus le vêlage se passe vite et sans encombre, plus le veau sera vigoureux et les risques qu’il tombe malade seront faibles. On peut dire que la vie d’un bovin se joue dans ces premières 24h. La préparation des vaches passe par une alimentation équilibrée et enrichie en vitamines et oligo-éléments. Mes vaches ne sont nourries qu’avec des fourrages cultivés sur la ferme : de l’herbe et des céréales. Cela est rendu possible du fait des très bonnes conditions de pousse et de récolte au printemps 2017. Ce n’est pas le cas tous les ans !

Mais, ce début de mois de décembre a été perturbé car j’ai été opéré de l’appendicite ! De ce fait, j’ai été arrêté pendant 15 jours. J’ai donc dû trouver des personnes pour me remplacer puisque j’ai près de 250 animaux à nourrir tous les jours. Comme en mars 2017 lors de mon congé paternité, j’ai fait appel au service de remplacement qui m’a mis à disposition un salarié. Cette personne, avec l’aide de mes parents et de mon salarié, s’est occupée des animaux. Tout s’est bien passé. Et les vêlages ont repris de plus belle dès mon retour…

Novembre 2017

Quelques explications sur l'engraissement des animaux

Chez moi, le mois de novembre marque la fin du cycle de production des animaux à destination de la boucherie.

En fait, toutes les femelles nées sur la ferme sont tôt ou tard à destination de la boucherie. La moitié des veaux femelles qui naissent servent à renouveler le troupeau, donc elles sont mises en reproduction à l’âge de 2 ans et font le premier veau à 3 ans. Ce qui veut dire qu’elles remplacent des vaches plus âgées qui terminent leur carrière de reproductrices. Ces vaches sont préparées à la vente durant une période appelée « l’engraissement ». La principale caractéristique de cette période (d’une durée d’environ 3 mois) est l’alimentation plus riche en énergie (donc en céréales) pour la production de muscle et de graisse. Ce type de vache correspond aujourd’hui à de la viande dite standard.

L’autre moitié des femelles nées sur la ferme entre dans cette phase d’engraissement plus tôt, soit à l’âge de 2 ans soit à l’âge de 3 ans. Cela dépend des caractéristiques musculaires des animaux. Plus les muscles sont arrondis plus la viande est tendre. C’est un critère de qualité apprécié par les boucheries traditionnelles. Du coup les animaux aux muscles arrondis sont engraissés à 3 ans. C’est le summum de la qualité. De ce fait, le prix de vente est supérieur aux autres catégories d’animaux.

Concrètement, lorsque j’estime que mes animaux ont terminé cette période d’engraissement, j’appelle mon commercial habituel qui achète les animaux. Au sein de son entreprise, plusieurs commerciaux achètent des animaux et présentent un nombre important d’animaux aux abattoirs. De cette façon, la négociation commerciale est plus équilibrée et la filière plus structurée.

Pour moi, l’engraissement est une phase très importante et intéressante car c’est l’aboutissement d’un travail de plusieurs années.

Octobre 2017

Derniers travaux des champs !

En octobre Matthieu éleveur de vaches allaitantes a fait des semis de céréales et métail. Devenir éleveur de vaches allaitantes viande

En premier lieu j’ai réalisé les dernières récoltes : le maïs mais aussi les couverts d’été semés derrière les céréales. Cela m’a demandé 4 jours de travail.

J’ai également semé les récoltes de l’année prochaine ! Des céréales comme l’orge, le blé et le triticale (qui est une céréale issue d’un croisement entre le blé et le seigle), et du méteil (qui est un mélange de plantes). J’ai aussi semé chez un collègue qui n’a pas le matériel adapté à ce type de travail. Tout cela m’a pris 15 jours.

J’ai fini d’épandre mon fumier et mon lisier pour enrichir mes sols et afin de libérer de la place : la nouvelle campagne d’hivernage va commencer (les animaux seront rentrés dans les bâtiments).

Je vais également faire des apports de calcium dans mes champs pour la bonne santé biologique de mes sols.

J’ai pu faire tous ces travaux dans de très bonnes conditions parce que le temps chaud et sec de ce mois m’a permis de rouler sur les sols sans les tasser. C’est une chance, souvent, le mois d’octobre est plus humide que cette année.

Septembre 2017

Préparatifs pour la saison hivernale

En septembre Matthieu éleveur correspondant Devenir Eleveur dont le métier est éleveur de vaches allaitantes a stocké ses céréales pour l'alimentation de ses vaches

Ce mois-ci, j’ai déplacé mes céréales (stockées initialement dans les cases des vaches) et les ai mises à proximité de mes équipements pour la fabrication de mes aliments du bétail. Elles sont mises dans de grands contenants appelés « cellules », dans lesquels je pourrai aller chercher tous les jours les céréales dont j’ai besoin pour l’alimentation de mes animaux.

J’ai également fait de l’entretien dans les bâtiments notamment des installations d’eau : il y avait quelques fuites à réparer, et j’ai apporté des modifications sur les installations existantes.

L’objectif est d’être prêt pour la rentrée des premiers animaux aux alentours de la fin octobre début novembre.

 

Juillet-Août 2017

Un été assez sec

Ces deux derniers mois, la gestion de l’exploitation était compliquée par la sécheresse et les températures très élevées, notamment à la fin du mois d’août.

L’été, c’est la période des récoltes, notamment des moissons. Nous avons rencontré quelques difficultés dans les récoltes de céréales : en effet la météo peut se montrer un peu capricieuse ! Nous avons eu des pluies orageuses sur les parcelles à récolter (j’aurais préféré qu’elles restent au sec !), et au contraire il n’est rien tombé sur les parcelles où pâturent mes animaux, ce qui a freiné la pousse de l’herbe.

La fin de l’été, c’est aussi le moment de faire le bilan sur mes essais de pâturage tournant  (présenté dans ma brève du mois dernier). Réussir à amener de l’eau pour les vaches dans toutes les petites parcelles a été parfois compliqué, mais cela valait le coup. En effet les parcelles gérées de cette façon ont très bien résisté à la sécheresse, alors que celles gérées de façon classique sont épuisées depuis le 10 août !

Juin 2017

Gérer l'herbe de façon efficace

matthieu devenir éleveur bovin allaitant paturage

Ce mois-ci, j’ai décidé de tester un nouveau système de pâturage : une fois mes récoltes de foin terminées, j’ai découpé quelques-unes de mes parcelles dédiées à la production de foin pour les faire pâturer. Cela me permet d’agrandir la surface disponible en pâturage (il y a donc plus d’herbe pour les vaches).

Je pratique ce que l’on appelle le pâturage tournant : je « découpe » toute la surface avec de l’herbe à pâturer en plusieurs morceaux, qu’on appelle des « paddocks ». Lorsque les vaches ont brouté toute l’herbe dans un paddock, je les déplace dans le suivant, puis on tourne jusqu’à revenir au premier, où l’herbe aura normalement eu le temps de repousser !

D’un point de vue pratique, je me sers de la cartographie aérienne pour faire des parcelles de surface à peu près égale.

Néanmoins, le point noir reste l’abreuvement puisqu’il faut impérativement un point d’eau dans toutes les parcelles. J’ai tout de même la chance d’avoir le réseau d’eau potable à proximité ce qui rend la tâche plus simple. C’est d’autant plus important avec ces chaleurs du mois de juin !

Mai 2017

Opération recyclage !

devenir éleveur bovin viande charolaise

En agriculture et notamment en élevage, on utilise beaucoup de plastique : pour les ficelles des balles de foin et de paille, les films plastiques d’enrubannage … Des filières de recyclage ont donc été mises en place, et fonctionnent en partie grâce à la collaboration des agriculteurs.

Je suis agriculteur « rassembleur » pour ma commune. Je collecte les bâches plastiques, les films d’enrubannage et les ficelles d’une partie des agriculteurs de ma commune pour ensuite les véhiculer chez un collègue en charge de l’ensemble du canton. Une fois la journée terminée, il a pour mission de charger tout cela dans des camions qui évacuent ces déchets vers des centres de recyclage. Ces déchets sont ensuite recyclés pour fabriquer des produits identiques (bâches, ficelles) mais aussi bien d’autres produits, tels que des sacs poubelles ou diverses applications utilisées dans l’industrie (tubes, raccords, etc). Les plastiques ainsi collectés ont une seconde vie !

Avril 2017

Avec les beaux jours, les animaux retournent à l'herbe !

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Ce mois-ci, nous avons mis l’ensemble de nos animaux à l’herbe : c’est une vraie joie de les voir heureux de courir dans l’herbe fraîche …

Nous avons eu 15 jours de travail intense pour préparer leur arrivée ! La préparation se passe en plusieurs étapes : faire les différents lots (sur le papier pour s’assurer que tout le monde ait une place…), ensuite la réalisation des différents traitements et vaccins spécifiques à la mise à l’herbe, puis la sortie des animaux en tant que telle  : chargement dans les bétaillères et transport.

Je pratique le pâturage tournant, c’est à dire qu’au lieu de mettre mes animaux dans une seule grande parcelle, je fractionne l’espace et les change régulièrement de place pour mieux valoriser l’herbe. Depuis cette année, suite à une formation, j’ai décidé de mettre en place à titre expérimental, le pâturage tournant dynamique.

Mon système de pâturage tournant simplifié consiste à faire tourner les animaux sur 3 parcelles. Avec le pâturage tournant dynamique, le principe est de ne pas faire stationner les animaux plus de 3 jours par paddock. S’en suit donc un calcul du nombre de paddocks, du nombre d’animaux et du nombre de points d’eau : c’est très technique !

Mars 2017

Un remplacement pour un heureux événement !

Je suis récemment devenu l’heureux papa d’une petite fille : j’ai donc décidé de prendre mon congé paternité afin de passer du temps en famille. Cependant, un éleveur ne peut pas prendre des congés aussi facilement que dans d’autres métiers : qui va nourrir les animaux et s’en occuper en mon absence ?

Heureusement, les agriculteurs qui en ont besoin peuvent faire appel au service de remplacement : il s’agit d’un organisme qui met à disposition des agriculteurs des personnes pour les remplacer en cas de maladie, d’accident, ou simplement lorsque nous souhaitons prendre des congés !

Pour mon remplacement, j’ai fait embaucher temporairement un jeune qui était déjà venu en tant que saisonnier durant l’hiver. L’avantage est qu’il connaît bien la ferme et que j’ai confiance en son travail.

La personne envoyée pour le remplacement a réalisé à ma place l’alimentation des animaux, l’entretien du matériel et des bâtiments, ainsi que l’entretien des clôtures pour préparer la saison de pâturage. J’ai ainsi pu profiter de 11 jours de congés avec ma famille.

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